Une demande massive, une offre qui se structure, des grandes surfaces qui investissent le marché, une saga juridique qui se poursuit… le marché français du CBD a été particulièrement dynamique en ce premier semestre 2022. Décryptage !
#1 Malgré l’incertitude, la demande en CBD ne faiblit pas
Les investisseurs et autres entrepreneurs intéressés par la filière française du cannabidiol ont longtemps épinglé un manque d’informations et de chiffres sur le marché. C’est sans doute ce qui a motivé l’Interprofession des métiers du chanvre (Interchanvre) à analyser l’offre et la demande et combler ce manque de données.
Dans ce premier travail de synthèse, on apprend que la France compte environ 7 millions de consommateurs réguliers ou occasionnels de produits de CBD, soit près de 12 % de la population nationale. Cette performance impressionnante reste toutefois en-deçà de la moyenne européenne qui tourne autour de 16 %.
#2 L’offre se structure pour répondre à la demande massive
Pour répondre à ce besoin, les professionnels multiplient les investissements, avec notamment l’ouverture de nouveaux points de vente dans les villes moyennes. Toujours selon l’étude de l’Interchanvre, le nombre de magasins spécialisés dans les produits de cannabidiol serait passé de 400 en 2020 à plus de 2 500 en 2022. Selon les chiffres du journal Les Echos, la France compterait plutôt 3 500 points de vente de produits de CBD, en incluant les magasins qui ne sont pas forcément spécialisés dans le cannabidiol. L’offre est complétée par des Pure Players, avec des boutiques en ligne sans présence physique comme Pro 4 You CBD.
Au-delà de la multiplication des magasins physiques et des boutiques en ligne, la filière connait également une grande diversification de l’offre. L’huile, la résine, la fleur et la feuille de CBD côtoient désormais des formats plus originaux comme les desserts, les boissons énergisantes, les capsules, le chocolat ou encore le liquide de vapotage au cannabidiol.
#3 Les grandes surfaces font leur entrée dans le marché du CBD
C’était inévitable au vu du succès impressionnant du CBD. Depuis début 2022, les aficionados de cette molécule extraite de la plante Cannabis L. Sativa peuvent désormais s’approvisionner en grandes surfaces.
Carrefour et E. Leclerc proposent en effet quelques références de cannabidiol, notamment au rayon cosmétique. Mais c’est surtout Monoprix qui a mis les bouchées doubles pour combler les consommateurs. En effet, l’enseigne a lancé 250 « espaces CBD » partout en France. Monoprix a même fait circuler un « CBD Truck » en région parisienne début février pour promouvoir sa nouvelle gamme de produits de CBD, faire de la pédagogie sur la substance et lever les idées reçues.
#4 L’incertitude juridique subsiste
Malgré des signaux relativement positifs, les professionnels de la filière du cannabidiol ne peuvent toujours pas se projeter dans l’avenir et lancer des plans d’investissement à moyen et long terme. En cause : l’incertitude juridique latente qui ne trouve pas son épilogue.
Le 30 décembre 2021, un arrêté ministériel avait en effet interdit la vente des feuilles et fleurs de CBD pur… deux produits qui pèsent jusqu’à 50 % dans le chiffre d’affaires des magasins de CBD. Saisi par des professionnels en colère, le Conseil d’Etat a fini par suspendre cette interdiction, la qualifiant de « disproportionnée » au regard des éléments à la disposition du Juge des Référés. Cette suspension est toutefois « temporaire » dans l’attente d’une décision de fond.
Les professionnels restent donc dans l’expectative, surtout après la suspension par l’EFSA du processus d’évaluation du CBD en vue de lui octroyer le statut de « Nouvel Aliment ». Si le cannabidiol avait décroché ce précieux sésame, son statut juridique aurait été « sécurisé » car les aliments approuvés par l’EFSA ne peuvent quasiment plus être interdits dans les pays de l’UE au nom du principe de libre circulation des marchandises.
Certains estiment que l’Etat attend les résultats de la grande expérimentation thérapeutique du CBD lancée par le ministère de la Santé et des Solidarités en mars 2021 pour prendre une décision définitive.